Bienne cycliste? Une revue au 1er Forum Vélo du 16 oct 2020

Le 16 octobre 2020, plus d’une centaine de personnes ont pris part au premier Vélo-forum de Bienne. Par des températures des plus fraîches, Ursula Wyss a fait une présentation fondée, démontrant comment elle défendait l’offensive pro-vélo depuis 2014 à Berne.

Le public acquis à sa cause l’a beaucoup applaudie, notamment lorsqu’elle a déclaré qu’une ville doit construire des infrastructures destinées en priorité aux personnes et pas pour satisfaire les urbanistes ou les ingénieurs. Ursula Wyss a pointé du doigt les objectifs mesurables, ambitieux et clairement communiqués qui devaient être fixés, de façon à ce qu’ils puissent être promulgués par l’administration dans son ensemble. Parallèlement, quelques petites avancées rapides sont essentielles afin d’être crédible, tant à l’interne qu’envers l’extérieur. L’offensive pro-vélo bernoise le démontre : le pourcentage de deux-roues, fixé à 20% jusqu’à 2030, est déjà quasiment atteint avec 15% actuellement.

Ursula Wyss a par ailleurs montré de façon frappante que le nombre de cyclistes blessés ou décédés était en augmentation, tandis que celui des automobilistes reculait. Tant que cette situation restera de mise, Ursula Wyss veut «que l’on fasse plus pour le vélo». Aucune ville suisse n’a ouvert une voie exemplaire vers une cité du vélo. Ursula Wyss a donc précisé qu’elle-même s’était inspirée des villes européennes, affirmant que rouler à vélo en ville ne doit pas être considéré comme un sport, mais plutôt comme une activité quotidienne, pour laquelle on n’a pas besoin de s’équiper avec une tenue de protection. De nombreuses personnes souhaiteraient circuler à vélo, mais ne s’en sentent pas en confiance. Une politique du vélo vouée au succès doit offrir cette opportunité à ces personnes. 

S’exprimant pour la Ville de Bienne, l’urbaniste municipale Florence Schmoll et le responsable des Infrastructures Roger Racordon ont présenté le plan sectoriel pour le trafic cycliste, des considérations générales et un catalogue de mesures. Les prises de paroles très détaillées et techniquement exigeantes ont donné l’impression que la Ville de Bienne se donnait beaucoup de mal pour aménager, voire améliorer les infrastructures cyclistes.

Lors du podium qui a suivi, le maire Erich Fehr s’est exprimé de manière détaillée et appuyée, sur le fait que la stratégie globale de mobilité impliquant tous les usagers du trafic se doit d’être équitable. Erich Fehr a invoqué qu’il ne fallait pas opposer le vélo aux transports publics, tout en déclarant qu’il souhaitait plafonner le trafic automobile au niveau actuel. Michael Liebi, ancien responsable du secteur spécialisé pour l’encouragement à la circulation piétonne et cycliste de la Ville de Berne, a répliqué que nous étions encore tous bien loin d’atteindre notre but pour ce qui était du vélo.

La promotion du vélo signifie donc logiquement qu’il faut aussi moins de voitures en ville. Sofian Waeber, auteur d’un travail de maturité sur le vélo à Bienne, a répondu à la question de savoir ce qu’était une vraie ville cycliste : «Une ville, qui se fixe pour objectif de l’être.»

La soirée a démontré que l’Exécutif biennois n’était pas encore prêt à se positionner clairement en faveur du trafic cycliste. Des objectifs clairs et mesurables n’ont pas été cernés. La panacée de l’arsenal urbain est présentée comme la «multimodalité» (utilisation de plusieurs moyens de transport). A la question de savoir quelle était la part des vélos dans ces types de modalité, Erich Fehr a cité «25%». PRO VELO peut se joindre à cet objectif et y parvenir jusqu’en l’an 2030 serait un grand succès. A l’instar d’une manifestation réussie, tel ce premier Vélo-forum biennois en ces temps difficiles.